activation artistique

ACTIVER LA CRÉATIVITÉ DANS L'ESPACE PUBLIC

~Résidences artistiques~


Androa Mindre Kolo

2013

le projet

La première intervention de la résidence d'Androa Mindre Kolo fut une série de performances sur la place Érasme, sur le thème de l’appropriation des jardins partagés par les habitants : la transformation du quartier et la redéfinition des espaces verts. Dans son costume d’oiseau géant de toutes les couleurs, il a participé à l’arrosage et l’entretien des premières plantations avec les habitants du quartier. Un autre jour, il s'est transformé en plante : littéralement planté dans un bac jusqu’à mi-mollet, la tête cachée par un grand masque de fleurs multicolores, il a proposé aux habitants de l'aider à pousser en l’arrosant.

Lors de l’événement « La tournée des Mailles », il a voulu expérimenter l’utilisation du micro et de la caméra avec les enfants. Il leur a proposé de faire et de filmer des interviews en questionnant le quartier, leur environnement quotidien.

Puis il a fait une performance devant le chantier de la mosquée de Hautepierre. C'est  la première mosquée intégralement financée par les musulmans de Strasbourg. Elle est le symbole de l’appropriation d’un monument par une partie de la population du quartier. Cette performance  consistait à fabriquer une maquette imaginaire avec des éléments de récupération.

L’hôpital de Hautepierre est également un lieu très fort du quartier. C’est un centre hospitalier très performant qui rayonne dans toute la région, avec un personnel et des installations de très haut niveau. Dans ce lieu, des êtres humains naissent, souffrent et même meurent ; des instants déterminants l’existence de tous ces gens s’y nouent, des destins basculent… Pour rendre hommage à tous ces humains, patients hospitalisés, visiteurs ou personnel, Androa Mindre Kolo s'est transformé en bouquet de fleurs.

A Hautepierre, il y a aussi une importante communauté de ses compatriotes, les congolais. Ils se sont organisés autour d’une association : Bana Congo, ce qui veut dire, en Lingala, « les enfants du Congo ». Elle regroupe les bonnes volontés de la communauté congolaise, soutient les artistes en leur permettant d’enregistrer des CD et de les diffuser, organise des tournois sportifs notamment avec une équipe de foot, met en place des piques-niques géants dans le jardin public près du stade. Mais elle soutient également ses membres les plus précaires de manière très pragmatique, notamment les étudiants congolais, en organisant des distributions de nourriture.

Androa a participé à une de ces distributions de dons de la banque alimentaire ; il a aussi rencontré le président de Bana Congo avec qui il a enregistré une interview.

Tous ces éléments ont généré un dispositif multimédia, fabriqué avec des matériaux de chantier, qui retranscrit à travers les films et photos de ses performances ce qu'il a perçu du rapport de la banlieue à la ville, des problèmes qui traversent le quartier et ses habitants et de la vitalité qu’ils déploient pour y apporter des solutions.


"Androa Mindre Kolo, je suis né en 1983 à Aru au Congo.

Par mon humour, je me fais remarquer dès mon enfance en faisant rire les gens, en les imitant, notamment ma famille.

Je commence mes études aux Humanités artistiques, option céramique de l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa.

Plus tard, j’étudie l’architecture d’intérieur et sors diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (ESAD / France) grâce à un partenariat entre cette école et l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa.

En 2005, à l’occasion d’un atelier organisé et animé par des enseignants de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg à Kinshasa, je m’affirme comme performeur, et on m’intègre par la suite dans l’aventure des Scénographies Urbaines.

Ma pratique artistique ne se résume pas à un matériau ou à une technique ni même un objectif particuliers. Mon outil principal est mon propre corps, que je mets en scène selon ce que je perçois de mon entourage, sans autre objectif que de transcender les apparences, de cristalliser symboliquement les rapports de force et les tensions, d’y apporter une forme de poésie. Dans le même état d’esprit, je détourne les objets, je mets en avant les rebuts, tout ce qu’on abandonne, dont on ne veut plus."

"Le quartier de Hautepierre, en rénovation urbaine, me rappelle mon pays d’origine, le Congo, qui est aussi un chantier en développement. Ma sensibilité personnelle fait écho à des chantiers qui sont aussi dans la vie des habitants du quartier.

Sa situation excentrée par rapport au centre ville, sa population multiculturelle, sa configuration de cité-dortoir : ce quartier nourrit mon inspiration et devient mon atelier d’artiste à ciel ouvert."