~Résidences artistiques~
Freddy Tsimba
& Allison Daumain
2011
FREDDY TSIMBA
le projet
Suite à une visite de quatre jours à Hautepierre, Freddy Tsimba a pu ressentir l’ambiance du quartier. Il a été sensible à l’idée de mobilité et de diversité culturelle qui s'y impose. Son projet de sculpture porte alors sur les histoires des exils à Hautepierre. Il sculpte des personnages monumentaux portant des valises, qui représentent le déplacement.
Le 18 octobre 2011, Freddy Tsimba a été expulsé et « mis dans l’avion ».
Il arrive que l’étranger ait un nom propre et soit connu. Celui-ci s’appelle Freddy Tsimba. En théorie, il relève de la catégorie des migrants temporaires. Il vient et il va, il rentre chez lui. Il est attendu sur les deux continents.
Il a introduit une demande de visa pour six mois, pour sa résidence à Horizome, sur base d’un dossier d’invitations. S’il a conquis une belle reconnaissance dans son domaine de compétence artistique, l’administration des affaires étrangères ne veut pas le savoir.
Travail avec des matériaux de récupération en métal.
Utilisation de matériaux de caddies, (présents partout sur Hautepierre), et parce que
« C’est le ventre qui commande, on ne peut pas oublier le ventre ».
L’idée serait de les aplatir et les souder et assembler avec d’autres matériaux.
Site de Freddy Tsimba
Film documentaire
Réalisation : Hervé Roesch
Cela fait pourtant des années qu’il vient régulièrement en Europe. Il a fait l’objet d’une « erreur système » mais, le réflexe commun et systématique est de transférer la faute sur la victime. Le libellé du visa prête à confusion. Freddy Tsimba a compris qu’il avait un visa de six mois conditionné à deux fois 90 jours consécutifs sur le territoire Schengen. Il aurait dû comprendre qu’il n’avait que 90 jours à l’intérieur d’une période de six mois. La maison Schengen de Kinshasa a ignoré ses contrats. Tout le monde n’y a vu que du feu. L’agence fédérale de coopération culturelle qui a fait la réservation du vol pour la première période, la compagnie aérienne avec laquelle il effectue l’aller-retour Kinshasa- Bruxelles, l’inspection des frontières à l’aéroport de Zaventem qui le laisse sortir alors qu’il est illégal depuis six jours, la même compagnie aérienne qui encaisse le prix d’un second billet aller-retour Kinshasa-Strasbourg. À son arrivée à l’aéroport de Bruxelles-National, il est immédiatement arrêté en zone de transit. La compagnie reçoit une amende de 4500 euros pour avoir transporté un « illégal », dont elle devra s’acquitter auprès de l’État belge. Freddy Tsimba est placé en centre fermé. Il demande qu’on lui explique. Pourquoi suis-je d’emblée abordé et traité comme un criminel, enfermé ? Il vivra cinq jours avec ses compagnons d’infortune, soumis au bon vouloir de ceux qui décident, le laissant dans l’incertitude et l’angoisse de son sort. Il optera finalement pour le rapatriement volontaire, mais doit s’engager à ne pas introduire de recours au Conseil du contentieux des étrangers. L’Office des étrangers lui donne aussi la garantie orale, par avocat interposé, qu’il ne serait pas tenu compte de cet incident, étant donné son « bon profil » ! Toutefois, en flagrant délit de contradiction avec cette parole, son visa sera balafré et son passeport confisqué à son arrivée à Kinshasa. Tout cela empêchera Freddy Tsimba d'être présent à l'exposition finale de sa résidence.
ALISON DAUMAIN
le projet
Les images, entre formes normalisées de représentations et échappées imaginaires, font basculer dans le rêve. En déplaçant le point de vue sur son quotidien, on modifie sensiblement celui-ci. Grâce à l’insertion d’un nouveau langage visuel, une autre lecture de l’environnement dans lequel il s’inscrit. Cela a créé des passerelles temporaires et locales entre le vécu et le perçu, entre la réalité et le rêve.
Extrait du texte « une œuvre originale », Antoine Reguillon, Conseiller pour les Arts Plastiques, DRAC du Limousin
Catalogue d’exposition / Orangerie du Château de la Louvière / Montluçon / Édition Shakers
Profitant de la « tournée des mailles » et de ces instants de rencontre et de partage, Allison a proposé aux enfants un atelier autour de la création d’une signalétique imaginaire pour leur quartier. Et ainsi susciter une relation nouvelle à l’espace, réfléchir au futur du quartier, y projeter leurs attentes, leurs rêves… Interroger les utilisations usuelles de l’espace urbain et de leurs logiques.
Les enfants se sont emparé du langage et des formes en usage dans l’espace public (panneaux directionnels, d’interdiction, d’obligation, etc…) Les loisirs, le jeu, voire la farce et l’absurde ont été les principales réponses. Les idées et les dessins ont ensuite été triés, sélectionnés, puis « synthétisés » en saynètes poétiques et pictogrammes.
Quelques exemples de panneaux imaginés puis imprimés ensuite en sérigraphie : le « Distributeur de bonbons » de Firat, « Attention, passage de nuages » de Nawal, « Ici, fête foraine » d’Ilias ou encore « Territoire de bataille de d’eau » de Cédric…. Allison a ensuite installé les panneaux dans tout le quartier. Dans une logique de prolifération et d’invasion, ils ont été plantés au cœur des mailles dans ces contre-espaces propres aux enfants que sont les bosquets, les espaces de jeux, mais aussi dans ces excroissances urbaines que sont les bacs bétonnés. Ces panneaux introduisent des signes perturbateurs dans la lecture quotidienne de l’espace par les habitants.